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Actualité : Rapport
La fabrique de l'insertion professionnelle des réfugiés
DARES, 31/01/2024.
Une analyse qualitative, sous la responsabilité scientifique d’un enseignant-chercheur de l’Université Paris-Est Créteil, visant à interroger la logique de construction et de mise en œuvre de dispositifs d’accompagnement et de formation à destination de réfugiés.
Cette analyse qualitative repose sur la réalisation de monographies de 3 projets financés par le PIC dans le cadre de l’appel à projets « intégration professionnelle des réfugiés » (AAP IPR), lancé en 2018 par le Haut-Commissariat aux Compétences et à l’Inclusion par l’Emploi. Cet appel à projets a permis la réalisation de 71 projets portés par 56 lauréats.
Comme pour d’autres publics spécifiques, l’insertion des réfugiés doit se faire en prenant en compte les difficultés et freins qu’ils rencontrent pour accéder à l’emploi. Plusieurs questions se posent alors, façonnant les dispositifs proposés : Faut-il créer des structures dédiées ou peut-on s’appuyer sur celles de droit commun ? Un accompagnement global spécifique doit-il être organisé ou bien suffit-il d’améliorer la coordination des acteurs intervenant dans les différents domaines ? Les parcours d’insertion doivent-ils commencer par traiter le volet social ou bien une insertion professionnelle peut-elle être automatiquement enclenchée ?
La plaquette de présentation des lauréats de l’AAP IPR catégorise les projets selon qu’ils proposent :
l’amélioration de la coordination des acteurs et de l’articulation avec le droit commun,
l’accompagnement socioprofessionnel,
l’accompagnement global.
En s’intéressant à 3 dispositifs correspondant à chacune des catégories identifiées, les équipes de recherche ouvrent la « boîte noire » de ces dispositifs et analysent les différents mécanismes opérant dans leur conception, leurs évolutions et leurs effets sur les parcours des bénéficiaires. Chaque terrain a permis le recueil d’analyse documentaire, d’observation des pratiques de pilotage et d’accompagnement des dispositifs et des interactions avec les réfugiés en plus d’entretiens semi-directifs avec l’ensemble des parties-prenantes. Les entretiens avec les personnes réfugiées ont été l’occasion pour les équipes de mieux appréhender leurs expériences et leur vécu, nécessaires pour faire émerger le sens qu’ils attribuent aux dispositifs et à leur insertion sociale et professionnelle.
Les dispositifs ont été étudiés avec une méthodologie commune autour de quatre axes. Les monographies permettent d’appréhender d’abord la fabrique du dispositif étudié et son modèle économique. La question du sourcing des bénéficiaires, c’est-à-dire l’identification du public mobilisable, est ensuite analysée. Les chercheurs s’intéressent également aux logiques de mise en adéquation entre l’offre et la demande pour chaque projet. Enfin, ils étudient l’expérience subjective du dispositif par les réfugiés.
Plusieurs constats émergent suite à la comparaison des résultats obtenus sur les différents terrains :
Les projets ne varient pas seulement dans leurs modalités, mais également dans l’analyse des besoins, dans la construction de partenariats et dans l’ingénierie de conception. Les dispositifs étudiés sont par exemple à l’initiative d’un professionnel souhaitant coordonner les différents acteurs du territoire, d’associations refusant une approche misérabiliste, ou d’une filiale d’un groupe de travail temporaire souhaitant proposer un accompagnement global.
La nature des dispositifs distingue les formes et les enjeux du sourcing. Ce dernier peut être anecdotique, lorsque le porteur bénéficie d’un partenariat avec une structure du service public de l’emploi. Au contraire, il peut être une mission centrale, facteur de rentabilité pour des structures ayant une dimension plus marchande de leur dispositif.
Les dispositifs ont évolué par rapport à la proposition initiale. Des changements surviennent pour adapter le projet face à des défauts de conception non repérée initialement, en réponse à des facteurs exogènes ou pour des raisons plus floues. L’aspect innovant des projets ne se concrétise ainsi pas nécessairement, ce qui peut questionner sur la logique de l’appel à projets pour la mise en place de ces politiques publiques.
Plusieurs logiques sont déployées pour amener les réfugiés vers des métiers en tension. Certains dispositifs adoptent la stratégie de « work first » ou « work fast », d’autres ciblent des métiers nécessitant une qualification en proposant une formation adaptée, mais sont confrontés à des risques d’instrumentalisation. Enfin, certains délaissent cette question dans une approche de « laisser faire ». Il existe des dissonances de rationalités et de temporalités entre l’objectif des dispositifs et ceux des bénéficiaires. Ces derniers peuvent se conformer aux attentes dans une perspective provisoire mais sans projet de s’installer durablement dans les emplois qui leur sont proposés.
Les réfugiés se retrouvent confrontés à du déclassement, parfois inhérent à la logique de certains dispositifs, qui est vécu comme une fatalité. Les modalités des formations en langue des différents dispositifs étudiés illustrent les rapports au déclassement éventuel : un apprentissage pensé en fonction d’objectif professionnel peut représenter un piège d’assignation à un métier là où un apprentissage non spécifique peut être porteur d’ouvertures vers des possibles.
Cette analyse qualitative repose sur la réalisation de monographies de 3 projets financés par le PIC dans le cadre de l’appel à projets « intégration professionnelle des réfugiés » (AAP IPR), lancé en 2018 par le Haut-Commissariat aux Compétences et à l’Inclusion par l’Emploi. Cet appel à projets a permis la réalisation de 71 projets portés par 56 lauréats.
Comme pour d’autres publics spécifiques, l’insertion des réfugiés doit se faire en prenant en compte les difficultés et freins qu’ils rencontrent pour accéder à l’emploi. Plusieurs questions se posent alors, façonnant les dispositifs proposés : Faut-il créer des structures dédiées ou peut-on s’appuyer sur celles de droit commun ? Un accompagnement global spécifique doit-il être organisé ou bien suffit-il d’améliorer la coordination des acteurs intervenant dans les différents domaines ? Les parcours d’insertion doivent-ils commencer par traiter le volet social ou bien une insertion professionnelle peut-elle être automatiquement enclenchée ?
La plaquette de présentation des lauréats de l’AAP IPR catégorise les projets selon qu’ils proposent :
l’amélioration de la coordination des acteurs et de l’articulation avec le droit commun,
l’accompagnement socioprofessionnel,
l’accompagnement global.
En s’intéressant à 3 dispositifs correspondant à chacune des catégories identifiées, les équipes de recherche ouvrent la « boîte noire » de ces dispositifs et analysent les différents mécanismes opérant dans leur conception, leurs évolutions et leurs effets sur les parcours des bénéficiaires. Chaque terrain a permis le recueil d’analyse documentaire, d’observation des pratiques de pilotage et d’accompagnement des dispositifs et des interactions avec les réfugiés en plus d’entretiens semi-directifs avec l’ensemble des parties-prenantes. Les entretiens avec les personnes réfugiées ont été l’occasion pour les équipes de mieux appréhender leurs expériences et leur vécu, nécessaires pour faire émerger le sens qu’ils attribuent aux dispositifs et à leur insertion sociale et professionnelle.
Les dispositifs ont été étudiés avec une méthodologie commune autour de quatre axes. Les monographies permettent d’appréhender d’abord la fabrique du dispositif étudié et son modèle économique. La question du sourcing des bénéficiaires, c’est-à-dire l’identification du public mobilisable, est ensuite analysée. Les chercheurs s’intéressent également aux logiques de mise en adéquation entre l’offre et la demande pour chaque projet. Enfin, ils étudient l’expérience subjective du dispositif par les réfugiés.
Plusieurs constats émergent suite à la comparaison des résultats obtenus sur les différents terrains :
Les projets ne varient pas seulement dans leurs modalités, mais également dans l’analyse des besoins, dans la construction de partenariats et dans l’ingénierie de conception. Les dispositifs étudiés sont par exemple à l’initiative d’un professionnel souhaitant coordonner les différents acteurs du territoire, d’associations refusant une approche misérabiliste, ou d’une filiale d’un groupe de travail temporaire souhaitant proposer un accompagnement global.
La nature des dispositifs distingue les formes et les enjeux du sourcing. Ce dernier peut être anecdotique, lorsque le porteur bénéficie d’un partenariat avec une structure du service public de l’emploi. Au contraire, il peut être une mission centrale, facteur de rentabilité pour des structures ayant une dimension plus marchande de leur dispositif.
Les dispositifs ont évolué par rapport à la proposition initiale. Des changements surviennent pour adapter le projet face à des défauts de conception non repérée initialement, en réponse à des facteurs exogènes ou pour des raisons plus floues. L’aspect innovant des projets ne se concrétise ainsi pas nécessairement, ce qui peut questionner sur la logique de l’appel à projets pour la mise en place de ces politiques publiques.
Plusieurs logiques sont déployées pour amener les réfugiés vers des métiers en tension. Certains dispositifs adoptent la stratégie de « work first » ou « work fast », d’autres ciblent des métiers nécessitant une qualification en proposant une formation adaptée, mais sont confrontés à des risques d’instrumentalisation. Enfin, certains délaissent cette question dans une approche de « laisser faire ». Il existe des dissonances de rationalités et de temporalités entre l’objectif des dispositifs et ceux des bénéficiaires. Ces derniers peuvent se conformer aux attentes dans une perspective provisoire mais sans projet de s’installer durablement dans les emplois qui leur sont proposés.
Les réfugiés se retrouvent confrontés à du déclassement, parfois inhérent à la logique de certains dispositifs, qui est vécu comme une fatalité. Les modalités des formations en langue des différents dispositifs étudiés illustrent les rapports au déclassement éventuel : un apprentissage pensé en fonction d’objectif professionnel peut représenter un piège d’assignation à un métier là où un apprentissage non spécifique peut être porteur d’ouvertures vers des possibles.
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