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Transition énergétique et industrielle : vers une diversification de l'économie régionale
Programme de financement de l’Union européenne, le Fonds pour une transition juste (FTJ) a pour objectif d’atténuer les effets de la transition énergétique et industrielle en finançant la diversification et la modernisation de l’économie locale et en réduisant les répercussions négatives sur l’emploi. Deux territoires normands sont éligibles au FTJ : la Vallée de la Seine et la Vallée de la Bresle. Dans le cadre d’une étude co-financée par l’Union européenne, le Carif-Oref de Normandie a pu repérer les principaux projets d’implantation ou de développement d’activité pouvant relever des domaines de diversification ciblés par le FTJ à savoir : les énergies renouvelables, l’économie circulaire, la chimie verte ou encore le captage et stockage de CO2 (CCUS). Tour d’horizon.
Les quatre domaines de diversification
- Economie circulaire
Modèle économique visant à repenser le cycle de vie des produits, de leur approvisionnement à leur fin de vie. L’objectif est de produire des biens et services de manière durable, en limitant la consommation et les gaspillages de ressources (matières premières, eau, énergie) ainsi que la production des déchets. Tous les secteurs sont concernés par l’économie circulaire. Le recyclage en est l’un des piliers.
- Chimie verte
Concept consistant à mettre au point de nouveaux produits et des processus qui réduisent ou éliminent l’utilisation et la production de substances dangereuses pour l’environnement. L’utilisation de ressources renouvelables (biomasse végétale ou animale) permet de produire des produits dits « biosourcés ». Constituant l’un des axes de la chimie verte, la chimie du végétal désigne les activités industrielles de fabrication d’ingrédients, produits ou matériaux dans lesquelles la biomasse remplace pour tout ou partie les ressources fossiles (pétrole, gaz, charbon).
- Energies renouvelables et usages de l'hydrogène vert
Sources d’énergies alimentées par des éléments naturels (soleil, vent, marées, chaleur terrestre, biomasse…), les EnR sont considérées comme inépuisables et n’engendrant pas ou peu de déchets ou d’émissions polluantes. Elles sont classées en cinq grandes familles : éolien, solaire, biomasse, hydraulique, géothermie. Produit à partir d’énergies renouvelables et d’électrolyse de l’eau, l’hydrogène vert est considéré comme un vecteur d’énergie contribuant à la décarbonation de l’industrie.
- Captage, stockage et valorisation du CO2 (CCUS)
Les technologies de CCUS consistent à capter le CO2 dès sa source de production, à le stocker dans le sous-sol ou à le valoriser. En France, il n’existe pas encore d’installation à grande échelle, mais la stratégie CCUS présentée fin 2023 prévoit que les premières mises en œuvre de CCUS à l’échelle industrielle devraient être réalisées entre 2025 et 2030.
Les projets d'implantation ou de développement d'activité liés à la diversification
Une dizaine de projets, totalisant plusieurs milliards d’investissements, ont été officiellement annoncés, avec des débuts d’activité prévus entre 2025 et 2030. Ils devraient générer plus de 1 300 emplois directs sur la Vallée de la Seine. A ce jour, aucun projet lié aux secteurs de diversification n’est programmé sur la Vallée de la Bresle.
Si ces projets sont de véritables opportunités économiques pour les territoires, ils suscitent néanmoins quelques doutes sur deux territoires où vont se concentrer sept projets : Caux Seine Agglo et Le Havre Seine Métropole. Ces incertitudes portent à la fois sur la temporalité de mise en œuvre des projets et sur la disponibilité de la main d’œuvre. En effet, des incertitudes quant aux plannings de réalisation subsistent en lien avec de potentiels aléas techniques ou financiers (ayant déjà eu lieu sur certains projets) ou en raison des délais de raccordement électrique (priorisation des dossiers qui sera établie par le préfet d’ici mars 2025). Par ailleurs, l’arrivée de plusieurs projets d’envergure sur les mêmes territoires fait craindre à certains acteurs une pénurie de main d’œuvre sur des profils déjà en tension et recherchés par les entreprises déjà en place, comme notamment les techniciens de maintenance. L’enjeu dès lors pour ces territoires est d’arriver à proposer à la fois des infrastructures de formation adaptées et un vivier de candidats suffisant.
A noter : certains projets ont été abandonnés depuis la parution de l'étude, nous proposons ici une liste à jour. Entre parenthèses, sont indiquées les dates de mise en service.
- Port-Jérôme-sur-Seine
. Air Liquide Normand'Hy : usine de production d'hydrogène vert (2026)
Ce projet a pour objectif de construire un électrolyseur de 200 mégawatts pour produire de l'hydrogène vert à partir d'énergie certifiée 100 % renouvelable. La construction de l'usine a débuté et pourra fournir dès 2026 de l'hydrogène renouvelable et bas carbone à la raffinerie TotalEnergies de Gonfreville, à des industriels de la zone ainsi qu'au secteur de la mobilité lourde bas carbone en développement.
. Eastman : usine de recyclage de déchets plastiques (2028)
La société américaine Eastman va créer la première usine européenne de recyclage de déchets plastiques riches en polyester (aujourd'hui difficiles ou impossibles à recycler). Cette usine qui ouvrirait en 2028 devrait recruter 350 raffineries et générer 350 emplois indirects sur des profils équivalents à ceux présents dans une raffinerie.
. Futerro : bioraffinerie d'acide polylactique-PLA (2027)
Futerro, entreprise belge, porte un projet d'implantation d'une bioraffinerie, sur la zone industrielle de Port Jérôme, qui vise une production de 75 000 tonnes de PLA par an.
. Plastic Energy : usine de recyclage de déchets plastiques (2025)
Plastic Energy prévoit de convertir des déchets plastiques. L'huile issue du recyclage, le tacoil, sera utilisée pour la production de polymères.
- Le Havre / Gonfreville l'Orcher
. Engie, projet FranceKerEAUzen : unité de production d'e-kérosène (2030)
Le projet France KerEAUzen, mené par ENGIE, vise à produire du kérosène de synthèse pour décarboner le secteur aérien. Ce projet innovant, qui sera localisé sur la zone industrialo-portuaire du Havre, utilisera de l'hydrogène renouvelable et du CO2 biogénique pour créer un carburant écologique.
. BioSynErgy : centrale de production de vapeur par la biomasse (2025)
Le groupe Suez construit à Gonfreville-l'Orcher, sur la zone industrielle du Havre, une centrale qui produira de la vapeur et de l'eau chaude à partir de déchets (bois, cartons, etc.) et de combustible solide de récupération. Cette chaudière biomasse alimentera à 80 % deux réseaux de chaleur : le réseau urbain du Havre Sud et le réseau industriel.
. Siemens Gamesa Renewable Energy : fabrication de pales offshores et de nacelles
Cette usine fabrique des pales offshore et des nacelles au Havre. En service depuis 2022, elle comptait 1 100 emplois directs en 2023. Une centaine de postes est encore à pourvoir.
. Lhyfe, projet Green Horizon : usine de production d'hydrogène vert (2028)
Ce projet prévoit la construction d'une usine de production d'hydrogène vert, afin de décarboner les usages de la zone industrialo-portuaire du Havre.
- Rouen
. Verso Energy : usine de production d'hydrogène et de carburants de synthèse (2029)
Entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables, Verso Energy va implanter sur le port de Rouen, une usine de production d'hydrogène par électrolyse de l'eau (capacité 30 mégawatts) et de carburants de synthèse produits à partir de CO2 capté et valorisé.
- Grand-Couronne
Fibre Excellence : usine de recyclage de papiers et cartons (2027)
Fibre Excellence prévoit de reconvertir l'ancien site industriel de la Chapelle Darblay (anciennement occupé par une société locale de fabrication de papier) pour recycler du papier et carton en papier ondulé à hauteur de 450 000 tonnes par an.
- Guimerville (vallée de la Bresle)
. Verrerie Pochet du Courval : un four électrique pour réduire ses émissions de CO2
La verrerie du Courval, pôle verrier du groupe Pochet, spécialiste de l’emballage multi-matériaux, innove avec l’installation d’un four électrique dédié au flaconnage de luxe sur son site normand de Guimerville. Avec un investissement de 40 millions d’euros, le nouveau four est destiné à augmenter la production et réduire de 50 % les émissions de CO2 de la verrerie.
A la date de clôture de l’étude (en octobre 2024, voir lien ci-dessous), d’autres projets restaient à venir sur le territoire de la Vallée de la Seine mais n’étaient pas encore suffisamment avancés pour être annoncés ou faisaient l’objet d’une mise en concurrence dans le cadre d’une attribution de terrain d’implantation. Finalement, certains ont été officiellement annoncés en novembre 2024. Ainsi Le Havre va accueillir d’ici 2029 trois nouveaux projets industriels dans le secteur des énergies nouvelles :
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- Livista Energy (Luxembourg) : raffinerie de lithium pour batteries
- Air Procucts (USA) : importation d’hydrogène renouvelable
- Q-Air (France) : construction d’un terminal d’importation d’hydrogène bas carbone.
Pour aller plus loin, consultez l'étude « Emploi et compétences : vers une industrie transformée et une économie diversifiée » (voir lien ci-dessous).
Hélène Rammant (Carif-Oref de Normandie)